[Interview] Vanupié : La musique comme philosophie de vie

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Parlons un peu de Vanupié, qui sort aujourd’hui son EP « FreeBirds ». Une vraie décharge d’émotions que vous conseille fortement. Vous pouvez trouver l’EP lors de ses concerts (la Cigale 6 novembre 2013) ou sur le site du label SoulBeats.

J’avais déjà fait un post sur cet artiste mais en écoutant son nouvel album, je me suis rendu compte que c’est la sincérité et la réflexion du personnage qui vibre dans ses sonorités et c’est, je crois, ce qui me touche le plus. Ne souhaitant pas parler à sa place, j’ai voulu en savoir plus, via une interview, sur sa démarche artistique, sa vision de la musique et sa carrière.  Je vous laisse découvrir Vanupié comme je l’ai fait :

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Si tu devais donner une couleur à ton EP, laquelle serait-elle et pourquoi ?

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« Sans hésiter, toutes les couleurs de l’arc en ciel. J’ai mis tant d’influences dans ces 4 premiers titres et dans l’album qui sort en Octobre, qu’il m’est impossible de ne donner qu’une seule couleur. J’ai voulu ces morceaux aériens, aquatiques et terrestre ; j’y ai mis du soleil et de la pluie, du brouillard et des orages ; des rires et des larmes.. Dix années de ma vie ont été nécessaires pour écrire les 13 titres de cet album ; c’est pourquoi chacun me rappelle énormément de souvenirs. »

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Ta musique est essentiellement inspirée par le Reggae, que représente-t-il pour toi ?

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« Ma vraie rencontre avec la musique s’est faite avec le Reggae. J’ai acheté le premier album de ma vie avec mes économies ; J’avais 11 ans, l’album s’appelait “Legend” de BOB MARLEY. J’ai passé toutes mes années de collège et de lycée à explorer tous les styles de musique et tous les instruments que j’ai pu trouver avec une super bande de musiciens vraiment doués qui m’ont beaucoup appris.

Puis à 20 ans, « Don’t Haffi Dread » de MORGAN HERITAGE tournait sur la sono d’un magasin dans lequel je suis rentré, j’ai pris une vraie claque. Je me suis dit : « C’est ça que je veux faire ». Je suis parti à la découverte de ce monde que je ne connaissais que dans les contes. J’y ai découvert une source inépuisable de lumière puisque basé sur celle présente en chacun de nous. Des idées sur la vie, l’univers, L’Homme dans son ensemble et l’importance pour lui de vivre en harmonie avec ce qui l‘entoure. C’est devenu un mode de vie, de pensée, aussi important pour moi que l’air que je respire. »

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J’imagine qu’il y a une chanson que tu préfères dans ton EP, qu’est ce qui la rend spéciale ?

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« Et bien tu imagines mal ! 😉  Je n’ai absolument aucune préférence, c’est bien pour ça que l’album n’a pas pu faire moins de 13 titres. C’est un peu comme demander à un père quel enfant il préfère. J’ai mis absolument tout ce que j’ai voulu dans ces 4 titres.

CloseBy est LA chanson d’Amour que j’ai toujours rêvé d’écrire, j’ai travaillé une année entière sur ce morceau, c’est celui qui m’a demandé le plus de travail. Pouvoir présenter un morceau comme FreeBirds sur ce premier album est pour moi une chance puisqu’il dégomme un peu les codes, mélange la Soul, la Folk et le Ragga, je voyage beaucoup lorsque je joue et écoute ce titre. Homeless est le fruit d’une collaboration avec Moha, un artiste que j’adore, une personne exceptionnelle que j’admire et respecte énormément. De notre amitié est né ce titre dans lequel nous avons tous les deux mis beaucoup de notre âme, de nos idées sur la vie, le monde. Quand a IF I, il est la “Blue Note” de l’album. Les réminiscences d’une enfance bercée par un père qui ne jurait à cette époque que par le Blues. »

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« Toute poésie vraie est inséparable de la Révolution. » – Michel Leiris, qu’en penses-tu ?

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« La phrase est belle mais cela me semble réducteur. Je n’aime pas vraiment encadrer les choses que je fais par des principes… surtout lorsque l’on parle de poésie, ou plus généralement d’art. La révolution implique forcément une envie de changer les choses, et, quelque soit le moyen utilisé, de se battre. Toute forme de révolte n’est pas forcément bonne à mes yeux. Il faut aussi savoir être en accord avec ce qui nous entoure et se réjouir d’être vivant.

Il est vrai que parfois la lutte est nécessaire et écrire, dire, chanter ou jouer de la poésie peut être une forme de combat mais je suis persuadé qu’elle peut aussi servir a rendre hommage à la beauté, la vie, l’amitié, l’amour…etc. Elle peut servir a dire “je t’aime”, “je suis heureux”, “je m’emmerde”, “je suis fauché…” ou parler d’un pot de fleur, d’un sac plastique… et puis il n’y a pas que les mots qui peuvent être “poétiques”. Une image peut être poétique, un geste, une attitude… L’idée “d’une poésie vraie” est à mes yeux bien trop complexe pour la résumer en une seule phrase, la cantonner à une règle aussi exclusive que celle-ci. Enfin, je ne vois VRAIMENT pas pour quelle raison la poésie ne pourrait pas mentir, ou juste faire rêver, en toute “simplicité”. »

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Tu as arrêté la publicité pour te lancer dans la musique, qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

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« La publicité est un métier sympa ; surtout en tant que créatif. J’étais d’abord Directeur Artistique puis j’ai occupé le poste de Concepteur rédacteur. J’étais jeune, je travaillais en Team avec un autre D.A. du même âge (de 19 ans à 25 – 26 ans), je gagnais très bien ma vie et j’étais libre d’aller et venir au grès de mes envies au travail. On passait des nuits à écouter du Snoop Dogg à fond en cherchant des idées de films ou d’affiches publicitaires. N’importe quel jeune de 20 ans se sentirait bien dans ce genre de contexte! Mais l’univers dans lequel j’évoluais n’était basé sur aucune valeur.

Au début, je ne l’ai pas remarqué. Les gens sont sympas, on se sent libre, on a aucun problème d’argent pendant que tous nos potes galèrent en enchaînant la fac et les petits boulots. Très vite, je me suis senti hors de la réalité. J’allais au travail le week-end pour passer du temps avec mes collègues, je ne voyais plus beaucoup d’amis, ne rencontrais que des “pubars”, je consommais. Je travaillais, pour consommer. Et ainsi de suite. A 25 ans, mon Grand-Père est mort. J’ai commencer à prendre conscience du temps qui passe, du manque de sens flagrant de ma vie au quotidien. Je vendais au plus grand nombre des biens inutiles pour gagner de quoi pouvoir moi-même acheter des biens, pas forcément toujours utiles. Je me suis rendu compte que je tournais en boucle sur moi-même, sans prendre part à la vie, tout en gâchant la mienne. J’ai tout quitté du jour au lendemain et je suis parti deux ans en voyage. C’est à ce moment là que je me suis mis à composer. »

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Quelles sont les rencontres qui ont marqué ta carrière ?

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« Il y en a tellement. Je ne sais pas du tout par ou commencer. Chaque rencontre est importante, c’est ce qui fait que le chemin est si imprévisible et excitant. J’ai rencontré beaucoup de musiciens qui m’ont permis de trouver ma voie. Parmi eux, en 2007, Thomas Puybasset, saxophoniste et arrangeur, il m’a vraiment aidé à “entendre” la musique, il a ouvert le chemin et m’a montré la route à suivre. A peu près à la même période, j’ai fait connaissance avec Antoine Nazo et Stella, chargés de délivrer les accréditations permettant de jouer dans le métro parisien. Ils ont tout de suite cru en moi et m’ont soutenu en me permettant d’ouvrir beaucoup de portes : Live au JT de TF1 avec Keziah Jones en 2008, Live sur la chaine W9 en 2009, Live dans le métro avec Mathieu Chedid

C’est grâce à eux que j’ai pu vivre de ma musique, progresser, apprendre à partager. Ensuite, c’est Sophia Metz, mon premier manager, qui m’a mis le pied à l’étrier en m’accompagnant sur la production de mon premier E.P. “I-LAND”. Elle m’a aussi offert la guitare sur laquelle je joue et que je ne quitte plus depuis que je l’ai eu dans les mains. Elle m’accompagne à chaque note que je joue, aujourd’hui encore.

En 2009, Marc Mourgiart, alors tourneur chez Sophiane Tour, est venu me voir en concert pour me proposer de m’aider dans mon projet. Depuis, devenu mon manager, il me suit sur tous les coups, ne ménage ni son temps ni ses efforts pour faire connaître ma musique, me prépare le terrain pour que tout se passe bien lors des concerts, me soutient moralement, physiquement et financièrement. C’est énormément grâce à lui que je suis si heureux aujourd’hui.

Plus récemment, j’ai eu la chance de rencontrer FLOX. Musicien, chanteur, auteur, compositeur, ingénieur du son, j’écoute sa musique en boucle depuis près de 10 ans, et je l’ai sollicité pour qu’il me donne quelques “tips”. On s’est tout de suite très bien compris ce qui m’a donné envie de lui proposer de réaliser mon disque. Ça fait maintenant 1 an qu’on travaille ensemble sur l’album “FreeBirds”, les 4 titres de ce nouvel E.P. en font partie. La dernière rencontre importante est s’est soldée par une signature de contrat avec le Label SoulBeat Records et Music’Action prod. C’est un peu neuf pour dire ce que cela m’a apporté mais l’équipe est super et nos idées sur la musique se rejoignent. Une tournée européenne est déjà prévue, la sortie de l’album s’annonce très bien. A suivre… »

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Il y a t-il des personnes avec qui tu aimerais travailler ?

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« Oui ! Il y a énormément d’artistes avec qui j’aimerais travailler. Dans les années qui viennent j’aimerais beaucoup enregistrer avec Nneka, Sela Sue, Ben Harper, certaines chanteuses jamaïcaines comme Blessed, Tania Stephen. J’ai aussi un faible pour la voix D’Asa et le chanteur israélien Asaf Avidan… mais la vraie liste est tellement plus longue. »

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On peut dire que ta carrière à pris un nouveau tournant, continueras-tu à chanter dans le métro ?

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« J’éprouve un besoin vital de partager ma musique avec les gens. Déjà gamin je partais régulièrement au collège avec ma guitare pour faire des concerts improvisés dans la cour. Je fais aujourd’hui et depuis 7 ans, 3 à 4 concerts par semaine, que ce soit dans le métro ou dans les salles de concert. Il n’y a aucune raison que ça change. Je continuerai donc à chanter dans le métro tant que je n’aurai pas au moins 4 concerts prévus dans des salles toutes les semaines ! »

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Quels sont tes projets pour la suite ?

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« Faire un maximum de concerts dans le monde entier afin de partager ma musique avec un maximum de gens. Voyager, faire de belles rencontres, écrire, enregistrer de nouveaux albums qui me plairont au moins autant que celui-là, profiter du bonheur que m’offre cette vie magnifique le plus longtemps possible. »

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Pour finir, si tu devais être une musique ?

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« La mienne. »

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Merci à Vanupié et à Marc pour avoir joué le jeu de l’interview avec implication et gentillesse.

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